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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 18:48

 

 

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Incantations lors du 13e Baktun

 

Le mal et le remède

(résumé du livre de J.P. Nicolas, Plantes médicinales des Mayas Kiché du Guatemala)

 

 

Dans l'organisation du monde maya (kiché), la maladie est désordre pour l'individu mais aussi pour la communauté.Les réponses sont alors d'ordre naturel mais aussi surnaturel, car le corps est relié à l'univers. Un déséquilibre de l'un entraîne un déséquilibre de l'autre. Le système de soins occidental qui ne tient pas compte de cette vision du monde est jugé incomplet et insuffisant. Dans le monde maya, plusieurs catégories de praticiens se relaient pour prendre en charge un malade : les prêtres et les devins pour le surnaturel (ou l'esprit); les sages-femmes, rebouteux et guérisseurs pour le naturel (le corps). Les tradipraticiens sont des personnes de caractère neutre, dit frais.

 

Le prêtre a la charge des maladies surnaturelles ou de la part surnaturelle des maladies. Celles-ci sont jugées principalement froides, c'est pourquoi il emploie surtout des plantes chaudes ou très chaudes, au caractère "magique", comme le tabac.

Le rebouteux s'occupe des traumatismes du squelette et des articulations tels que fractures, entorses, foulures et hématomes. Ces maladies sont répertoriées froides et ils emploient surtout des plantes chaudes.

Le guérisseur prend en charge toutes les autres formes de maladie de la chair, qui peuvent être chaudes ou froides.

La sage-femme s'occupe des femmes et des enfants en bas âge. Elle a un pouvoir temporel et spirituel important et transmet les valeurs traditionnelles dans la société civile. Le corps de la femme est considéré comme frais avec une tendance chaude en dehors des périodes associées à la maternité. La sage-femme maîtrise tout particulièrement le chaud, ce qui lui permet d'accompagner les femmes enceintes, de nettoyer l'enfant nouveau-né et d'évacuer le sang des couches, assurant ainsi la pérennité du groupe. 

Ainsi la classification chaud-frais-froid tient une place centrale dans le système médical mais elle est aussi le miroir d'une base idéologique de la société. La position de l'homme est analogue à celle du maïs, en équilibre entre le chaud et le froid, produit du rapport de la terre et du ciel.

 

 

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Musa x paradisiaca, banane plantain, plante fraîche

 

 

Exemples de classification de plantes médicinales communes 

 

En catégorie chaud:

Achillea millefolium, Allium cepa, Anethum graveolens, Artemisia absinthium, Capsicum frutescens, Cinnamomum zeylanicum, Coffea iberica, Olea europae, Rosmarinus officinalis, Theobroma cacao, Zingiber officinalis...


En catégorie frais :

Citrus sinensis, Faba vesca, Hibiscus sabdariffa, Mentha sp., Rosa chinensis, Zea maïs...


En catégorie froid :

Brassica oleracea, Citrus sp., Datura candida, Hordeum vulgare, Malva sylvestris, Passiflora ligularis, Verbena...

 


Témoignage de la touriste européenne, diplômée ARH


Dans les petites villes et les gros bourgs kichés (Uspantan, Coban), autour de Chichicastenango, il y a quelques boutiques du nom de pharmacie, mais on y vend de tout, surtout des cigarettes américaines! En revanche sur les marchés journaliers, on trouve des tas de plantes sèches en sachet, avec leur nom espagnol ou pas, vendues par toutes sortes de personnes, sur des étals de fruits et légumes, quelquefois sur un étal approprié.

 

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Marché de Chichicastenango


Ainsi j'ai acheté El té de zarzaparrilla, la salsepareille, qui annonce les mêmes propriétés qu'indiqué dans le livre de Michel Pierre et Michel Lis, Au bonheur des plantes, Au Pré aux clercs; mais les morceaux de  racines sont plutôt rouges, et donc de qualité mexicaine, selon les Michels (Smilax regelii, nom espagnol Zarsaparilla, plante froide ou fraîche). Elle est recommandée pour les rhumatismes, l'artrite, les infections urinaires, et dépurative par excellence, ce qui convient pour les affections de la peau. On utilise le rhizome en décoction, pour nettoyer le sang. La plante ne présente pas de toxicité pour un emploi modéré.


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J'ai acheté aussi El palo de valsamo, à cause de l'étiquette qui annonce un remède contre les rhumatismes et l'artrite (mon problème) ; après des recherches sur Internet, j'ai trouvé que l'écorce du baumier du Pérou était un remède traditionnel indigène contre les douleurs des os, en décoction trois fois par jour; mais je n'ai pas encore goûté.


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J'ai fait une décoction du Té de pasiflora (Pasiflora ligularis,J., plante froide), en tisane le soir, et c'est très bon. J'ai trouvé des feuilles de boldo (Pneumus boldus), et j'étais contente car c'est cher et rare en France, sans indication, mais le marchand m'a expliqué que c'est bon pour le foie et la digestion, ce que je savais déjà. Enfin, j'ai acheté quantité de Hibiscus sabdariffa, en espagnol Rosa de Jamaïca (plante fraîche), plus connu sous le nom de karkadé  parce que c'est délicieux en boisson à toute heure de la journée, chaud ou froid (antibactérien, sudorifique, diurétique, anticholestérolémiante, uricosurique, digestif).

 

L'absence des noms latins rend difficile l'identification des matières médicales et il faut avoir de bonnes connaissances en botanique tropicale et en espagnol pour comprendre de quoi il s'agit. La prudence est de mise en ce qui concerne les plantes sèches autant que pour les légumes colorés et inconnus, les fruits magnifiques aux saveurs étonnantes. J'avais acheté un sachet de Ajenjo, mais je ne me rappelais plus ce qu'avait dit le vendeur. J'ai cherché dans le livre de Nicolas et j'ai fini par trouver que Ajenjo signifiait Artemisia, mais il y a deux variétés, soit mexicana, soit absinthium, les deux ayant les propriétés similaires : tonique amer, stimulant de l'appétit, cholérétique, anti-inflammatoire, antispasmodique, tonique du système nerveux central; les feuilles sont très amères au goût, ce qui orienterait plutôt vers l'absinthe.

Quelquefois le marchand ne parle même pas espagnol. Les explications pour les touristes curieux comme moi se résument à des démonstrations gestuelles et odorantes, désignation des organes visés, indication sommaire de préparation.

Par ailleurs, je recommande le délicieux arroz con leche, sorte de riz au lait très chaud fortement dilué, sucré et agrémenté de bâtons de cannelle, que l'on boit dans un grand gobelet à toute heure de la journée et du soir, quand on trouve une vendeuse dans la rue; hum! Et aussi au petit déjeuner, le mosh, bouillie de flocons d'avoine à la cannelle également, chaude et sucrée, bien nourrissante! Les tortillas sont partout, sur tous les étals, dans toutes les mains féminines qui les font danser au soleil avant de les aplatir sur le comal, la plaque chauffante où l'on fait la cuisine. L'accompagnement est varié en légumes, viande, ou condiment et accomplit le rite du maïs, la plante sacrée.

 

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Le ceiba (kapokier), arbre symbole du Guatemala

 

  Claude Amour

  (textes et photos)

(A suivre)



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commentaires

L
Bonjour,<br /> J'aimerais avoir vos coordonnées ou un contact d'une herboriste ou d'une guérisseuse au Guatemala. <br /> Vous pouvez me répondre par courriel.<br /> Merci !
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C
Bonsoir, désolée, lors de mon voyage au Guatemala, je n'ai fait que visiter les musées et sites ouverts au public. Je n'ai pas rencontré de guérisseur ni de chamane bien que je les ai photographiés pour la fête du Baktun. Par contre je vous recommande le livre de Jean-Pierre Nicolas : Plantes médicinales des MAyas Kiché du Guatemala, éditions Ibis Press. Peut-être pourriez-vous entrer en contact avec lui qui connaît très bien le pays?<br /> Cordialement.

Cadeau De La Terre

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  • : Prendre soin de soi par les plantes, herboriser, déguster les plantes sauvages comestibles. Simplement est une association qui vise à faire connaître les simples. Autrement dit, les plantes médicinales.
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