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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 18:27

A livre ouvert 


 

Second séjour au pays des Mayas, cette fois-ci cinq semaines, pour effectuer un périple à travers le Guatemala, le Mexique et le Belize. Ayant un peu révisé mon espagnol, j'ai pu mieux communiquer avec la population et cultiver les rencontres.


 ( Parenthèse nécessaire : le Guatemala est un pays pauvre, corrompu, discrimatoire envers les ethnies mayas, violent et politiquement proche d'une dictature; cela dit je ne ferai pas d'autre commentaire sur la situation géopolitique de ce pays; je ne parle ici que de ce qui concerne la nature et l'herboristerie.)

 

Tout commence avec un livre, une nouvelle fois : mon frère m'offre pour mon anniversaire une flore du Guatemala. Le livre s'intitule Plantas de los bosques montanos, Guatemala, sous-titré en anglais Plants of the montane forests, d'Ana Lucrecia de MacVean, 2009. C'est une flore bilingue avec des photos dont le classement se fait par la couleur des fleurs. L'auteur est une botaniste chercheur de l'Institut de recherche de l'université de Guatemala City. Elle a récolté, étudié et identifié les plantes pendant quinze ans dans diverses régions du Guatemala. 

 

"Elle collabore avec plusieurs institutions internationales de botanique, telles que le Museum national d'histoire naturelle de Smithsonian; le Jardin botanique du Missouri, le Museum d'histoire naturelle de Londres. (...) Elle enseigne la botanique et collabore à la conservation du pin urbain et des forêts de chênes."

 

Lien avec UVAL, institut de recherche universitaire en botanique :

 

http://herbario.uvg.edu.gtlink

 

Enchantée de cet ouvrage, je décide aussitôt d'essayer de trouver les autres oeuvres du même auteur, mais dans la plus grande librairie de Guatemala-ville je ne déniche qu'un seul livre : Plantas utiles de Solola, Guatemala, 2005. Il n'y a pas de photos de plantes, seulement des dessins, mais cependant il est magnifique lui aussi.


 

Herbier


 

Ces deux bibles me donnent l'idée de faire un herbier au fur et à mesure que nous voyageons, ce qui sera une grosse affaire. Déjà trouver le matériel (journaux, planchettes, ficelles) en déplacement perpétuel n'est pas facile, mais surtout le nom des plantes n'est jamais sûr, varie d'une région à l'autre au Guatemala, de même au Mexique. Nous avions prévu un circuit de trois semaines, et je pensais que les plantes sécheraient vite. Malheureusement, ce ne fut pas le cas : au contraire, les nuits étant fraîches en montagne, les chambres d'hôtel non chauffées, au bout d'une semaine les fleurs collectées sur la côte pacifique commencèrent à moisir. J'en ai jeté les trois quarts!

 

Il a fallu toujours surveiller attentivement les plantes entre les feuilles de journaux qui étaient humides, changer les pages, enlever les exemplaires moisis. A l'arrivée en France, je n'ai pu conserver qu'une trentaine de plantes, et seule la moitié est identifiée sérieusement. Mais je ne désespère pas de cette première expérience, car elle m'a apporté beaucoup de choses.

 

D'abord, regarder la végétation tout au long du chemin, c'est une façon différente de voyager; la lecture du paysage décrypte la vie des habitants, en montagne, la forêt humide parsemée de parcelles de maïs, plante de subsistance des Mayas; dans la vallée, les cultures maraîchères, les fruits sur les marchés.

 

 

 

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Vente en gros de choux à Zunil, Guatemala

 

 

 

Et puis demander à quelqu'un le nom d'une plante ou d'un arbre ou d'un légume ou fruit est un bon début de conversation. J'ai discuté ainsi avec le propriétaire de l'hôtel Jardin de la Selva, à El Remate, où nous avons passé le réveillon du Nouvel An; les petits pavillons des chambres étaient dispersés dans un terrain boisé en pente au bord du lac de Flores, les arbres étaient magnifiques et les plantes à foison.

Au fil de l'échange, nous découvrons qu'il est garde-forestier à Tikal, dans le Peten, dans la zone protégée reconnue patrimoine universel par l'Unesco ; il travaille vingt jours d'affilée dans la forêt puis il rentre chez lui huit jours. Les gardes sont mal payés, nous dit-il, ils n'ont pas d'uniforme, pas d'équipement suffisant. Ernesto se plaint de la mauvaise considération des gardes-forestiers par l'administration, le gouvernement. Il sait que son travail de lutte pour la préservation de la forêt tropicale est important, pour les hommes, pour l'humanité, dit-il.


Les subventions pour cette réserve sous label de l'Unesco arrivent de toutes parts, y compris de grandes ONG internationales, mais les Guatémaltèques détournent l'argent. Les narcotraficants menacent la forêt car ils font du défrichement pour blanchir l'argent de la drogue. Ils amènent de gros engins, coupent tous les arbres puis mettent le feu; après ils construisent sur le terrain.

 

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Vue du lac de Flores                                                                                                                                             Restaurant de l'hôtel

 

 

 

Ernesto a un projet : monter une association de gardes-forestiers de la forêt tropicale intercontinentale, trans-Amérique, de façon à interchanger les gardes régulièrement. Cela permettrait une meilleure surveillance des aires protégées et des propositions différentes pour le travail.

Ernesto déclare qu'il connaît les plantes médicinales dans la forêt, il s'en sert depuis toujours et il a même enseigné à un docteur, Dr Paul, la connaissance de certaines plantes sauvages. Ce botaniste a publié là-dessus un livre mais Ernesto ne peut pas me le montrer ici. Il me parle de quelques-unes, en particulier de la contrahierba, souveraine contre les morsures de vipère.

Je vérifie quelque temps après sur Internet.

 

Fiche signalétique de la contrahierba, traduite de l'espagnol

 

Nom scientifique : Flaveria bidentis (L.), Kuntze

 

La contrahierba est une plante annuelle sudaméricaine de la famille des Astéracées, genre Tagetes.

 

Synonymes : Ethulia bidentis, L; Eupatorium chilense, Molina; Flaveria bidentis var. angustifolia, Kuntze; Flaveria bonariensis, DC; Flaveria capitata, Smith in Rees; Flaveria contrayerba, (Cav.), Pers; Flaveria peruviana, J.F. Gmel; Milleria chiloensis, R& P ex. Jussieu; Milleria contrayerba, Cav.; Vermifuga corumbosa, Ruiz y Pav.; Vermifuga corymbosa, Ruiz y Pav.

 

Noms vernaculaires: Mata gusano, figue, flaveria, cotra-erva, contrahierba, contrayerba.

 

Habitat : Plante sylvestre qui croît principalement en terrains humides ou près de l'eau. Se reproduit par graines.

 

Propriétés : Efficace comme vermifuge, excellent expectorant, sudorifique, emménagogue, diurétique, sert à désinfecter les blessures, plaies, piqûres d'insectes ou morsures de vipère (antivenimeuse). L'utilisation de la contrahierba comme antivenimeux doit être réservée aux premiers secours, consulter ensuite en urgence un médecin, afin qu'il donne un antidote.

Elle collabore à l'élimination des substances toxiques de l'organisme, et stimule les menstrues tardives. A cet usage, ne pas donner aux femmes enceintes.

 

Ainsi Ernesto avait raison, la contrahierba est une plante importante quand on est dans la forêt, à deux jours de marche de la maison des gardes!

 

Notes :


Hôtel Jardin de la Selva, Aldea El Remate, hotelcasadeernesto@gmail.com


Institut de recherche universitaire botanique:

http://herbario.uvg.edu.gtlink


Pour contacter Ana Lucrecia de MacVean : amacvean@gmail.com

amacvean@uvg.edu.gt


Contrahierba : recherche Internet : réf.: www.ecured.cu/index.php/contrahierbalink

 


(A suivre)

 

 

 

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